Un dangereux dérapage antisémite dans un écrit biblique attribué à Paul :
1
Thessaloniciens 2/14 à 16. (Etude théologique)
1) Un texte
violent.
Les versets 14 à 16 du
chapitre 2, à mon avis, d’une funeste adjonction à la 1ère Epître aux Thessaloniciens [1],
qui lui est très probablement postérieure d’un ou deux siècles. Elle est
significative d’un antijudaïsme qui s’est nettement transformé en
antisémitisme. Elle reste, dans la mesure où elle est intégrée à l’épître
paulinienne, une tentation majeure pour l’expression d’un antisémitisme
chrétien qui peut surgir à tout instant. Je
pense qu’il faudrait la supprimer totalement de l’épître.
Nous avons ici les éléments
dont le ferment fut un antisémitisme que l’on retrouvait dans le monde grec,
que ce soit à Antioche, à Alexandrie ou à Thessalonique : « En
effet, frères, vous avez imité les Eglises de Dieu qui sont en Judée, dans le
Christ Jésus, puisque vous avez souffert, de vos propres compatriotes, ce
qu’elles ont souffert de la part des Juifs ; eux qui ont tué le Seigneur
Jésus et les prophètes, ils nous ont aussi persécutés, ils ne plaisent pas à
Dieu et sont ennemis de tous les hommes, ils nous empêchent de prêcher aux
païens pour les sauver, et mettent ainsi, en tout temps, le comble à leur
péché. Mais la colère est tombée sur eux, à la fin [2]. »
(1 Thess. 2/14 à 16, traduction TOB).
S’il a été souvent difficile
parfois d’adoucir la traduction de ce texte, tant le grec est précis et
particulièrement violent, les exégètes modernes, qui estiment qu’il est de
Paul, ont tenté d’en donner une explication qui le justifierait. Il n’en
demeure pas moins que les paroles sont là : excessives et impitoyables.
J’estime, pour ma part, qu’elles ne sont pas de l’Apôtre : elles se réfèrent
trop précisément à un ancien argumentaire antisémite païen, propagé par les
Grecs, que l’on retrouve notamment à Alexandrie et certainement dans d’autres
villes du monde grec. Les Eglises, dispersées en terre païenne, en
connaissaient très sûrement la teneur, dès la fin du premier siècle, sans pour
cela y succomber obligatoirement.
[ F. LOVSKY, citant
l’historien Flavius JOSEPHE, nous dit qu’en réfutant les calomnies de ses
adversaires écrivains (notamment dans son traité « Contre Apion »),
JOSEPHE nous a conservé « la somme
des griefs qui circulaient au 1er siècle dans le Proche-Orient de
langue grecque. » : « A
les en croire, les Juifs auraient été des imposteurs ; des sorciers et des
lépreux, haïssant le genre humain, capables d’assassiner des Grecs pour des
raisons religieuses, athées et sacrilèges par rapport au paganisme, adorateur
de l’âne et du porc – dès l’Antiquité, l’antisémitisme ne craint pas de se
contredire – incendiaires, inhospitaliers, politiquement séditieux,
conspirateurs, ennemis de tous les hommes (du genre humain), particulièrement
hostiles aux Grecs. Ces calomnies plus ou moins diffuses parmi les populations
de langue ou de culture grecques qui devaient se rallier au Christianisme,
gagnèrent la Méditerranée occidentale. » (« L’antisémitisme
chrétien », Ed. du Cerf, 1970, p. 12-13). ]
Il est absolument normal
qu’un Chrétien contemporain, éclairé et sensible à ses racines juives, soit
atterré à la lecture d’un tel texte. Dans une longue mise au point, la TOB
(Traduction Œcuménique de la Bible, édition intégrale, 2000) tente de comprendre
le pourquoi d’une telle diatribe. La question est suffisamment sérieuse pour
que nous reproduisions le texte in
extenso :
« Ce jugement sévère porté contre les Juifs doit
être bien compris. Paul revendique toujours avec fierté sa qualité de Juif et
souligne à maintes reprises le privilège d’Israël. La colère et la gloire sont pour le Juif d’abord, et pour le Grec. Cf. Rom.
2/9-10. Au cours de sa mission, c’est aux Juifs d’abord qu’il adresse le
message de salut. D’après le livre des Actes, c’est ainsi qu’il agit à Chypre (13/5), à Antioche de Pisidie (13/14-43), à Iconium (14/1), à Philippes (16/3), à Thessalonique (17/2), à Bérée (17/10), à Corinthe (18/4),
à Ephèse (19/8), et enfin à Rome (28/17-24). Mais à chaque fois (cf. Act. 13//45 à 50 ; 14/2,
19 ; 17/5, 13 ; 18/12) des Juifs, non dépourvus d’influence dans
les cités grecques, empêchent sa prédication aux païens et lui créent des
difficultés graves qui vont jusqu’aux mauvais traitements (2 Cor. 11/24).
C’est ce qui explique la violence des termes employés
ici par Paul qui, Juif lui-même, s’indigne de l’aveuglement de ses frères, les
Juifs, qui auraient dû être les porteurs de l’Evangile, lui font partout
obstacle, comme ils ont jadis fait obstacle au message des prophètes, puis à celui
de Jésus. Pourtant, lorsque Paul envisage le sort du peuple élu, il n’invoque
jamais comme cause du rejet temporaire d’Israël la condamnation et la mort du
Christ à Jérusalem ou la persécution contre les Chrétiens. Il s’en explique
longuement en Galates 4/21 à 31 et
surtout Romains 9 à 11 : c’est
en refusant le message de l’Evangile qu’Israël se place lui-même,
provisoirement, en dehors d’un salut qui lui sera toujours proposé (cf. Rom. 9/2 note), et dont Paul affirme
qu’Israël bénéficiera, car les dons
et l’appel de Dieu sont irrévocables (Rom. 11/29). En tout temps. En cette
période de l’histoire, comme durant la période précédente (cf. le mauvais
accueil fait à la prédication des prophètes). » (TOB, p. 2873-2874, note
w).
2) Discussion
de 1 Thess. 2/14 à 16 : « les Juifs ont tué les prophètes et le
Seigneur Jésus ».
L’explication de la TOB se veut avant tout
théologique. Elle voudrait apparenter la diatribe « paulinienne » à
une forme d’antijudaïsme et non à une forme d’antisémitisme, selon la distinction
de F. LOVSKY[3].
Néanmoins, elle n’éclaircit pas théologiquement le choix des expressions,
telles 1) « eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes », 2) « ils
ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes », 3) « ils
mettent, en tout temps, le comble à leur péché », et 4) « la
colère est tombée sur eux, à la fin. » Reprenons ces
expressions :
1) « Eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes ».
Pour ce qui est de tuer les prophètes,
il y a le cas de Jézabel, femme du roi d’Israël Achab, qui est accusée d’avoir
exterminé les prophètes de l’Eternel (1
Rois 18/4). Jézabel n’est pas israélite, elle est phénicienne (originaire
de Sidon) ; mais Achab est tenu pour « coresponsable » de ces
meurtres et en portera l’infamie, lui et toute sa maison (cf. 2 Rois 9/6 à 10). Le prophète Elie se plaint à Dieu : « J’ai
déployé mon zèle pour YHWH ; car les enfants d’Israël ont abandonné ton
alliance, ils ont renversé tes autels, et ils ont tué par l’épée tes
prophètes ; je suis resté moi seul, et ils cherchent à m’ôter la vie [4]. »
(1 Rois 19/10, trad. Segond). Le
livre de Néhémie précise : « Ils se soulevèrent et se révoltèrent
contre toi (YHWH). Ils jetèrent ta loi derrière leur dos, ils tuèrent tes
prophètes, qui les conjuraient de revenir à toi. » (9/26, trad. Segond).
Jésus, lui-même, s’écrie contre les Pharisiens : « Vous
êtes les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes » (Mat. 23/31), et lorsqu’il se lamente sur Jérusalem : « Jérusalem,
Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont
envoyés » (Mat. 23/37 ; Luc 13/34).
Dans 1 Rois 18/4 et 19/10, le
peuple visé, pour le meurtre des prophètes, est celui du Royaume du Nord,
Israël, et non pas celui du Sud, Juda. En revanche, le livre de Néhémie [5] – qui
relate l’installation des Juifs de retour d’exil et établit les trois réalités
qui fonderont l’existence renouvelée d’Israël : le Temple (le sacerdoce),
Jérusalem (la terre) et le peuple (la loi) – enferme Israël et Juda dans la
même faute de désobéissance et d’infidélité qui les amènent à « tuer les prophètes » (Néhémie
9/26).
Mais pour ce qui est de « tuer le Seigneur Jésus »,
c’est le livre des Actes des Apôtres
qui est le plus précis, notamment les récits de Pierre devant le Sanhédrin, de
la lapidation d’Etienne et de la conversion de Corneille : « Lequel
des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécutés ? Ils ont même tué ceux
qui annonçaient d’avance la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous
avez trahi et assassiné [6]. » ; « Lui
que (les Juifs) ont supprimé en le pendant au bois [7] », soulignant ainsi la malédiction de la crucifixion.
Toutefois, les autres discours, relatant la mort de Jésus, sont beaucoup plus
exacts, lorsqu’ils affirment que les Juifs l’ont livré à Pilate ou encore « à des mains impies » [8].
Le constat, que nous pouvons
faire, c’est qu’il n’existe pas, dans le Second Testament, de théorie du rejet d’Israël. En cela, l’ensemble de
ses écrits est conforme à ce qu’atteste Paul dans l’Epître aux
Romains : « Je demande
donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple [9] ? Certes non ! Car je suis moi-même
Israélite, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a pas
rejeté [10]
son peuple, que d’avance il a
connu. » (Rom. 11/1-2). La
conception du rejet d’Israël va
s’installer lorsque l’Eglise s’appropriera, de manière exclusive, les Ecritures
(Premier Testament) et l’alliance, se proclamera « nouvel ou vrai
Israël » (Verus Israel),
expression qui n’existe pas dans la Bible, et prétendra être seule détentrice
universelle du salut. Cette conception du rejet d’Israël est l’une des pires
escroqueries théologiques concoctées par l’Eglise. Elle aura des conséquences
funestes pour les relations entre Juifs et Chrétiens, et justifiera souvent les
exactions les plus abominables contre les Juifs : meurtres, pogroms,
humiliations, tortures…
3) Discussion
sur « les Juifs ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les
hommes ».
2) Mais si les écrits du
Second Testament bannissent la théorie du rejet d’Israël, comment doit-on
interpréter 1 Thessaloniciens 2/15 :
« ils
ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes » [11]
? Peut-on considérer que ne pas
plaire à Dieu et être adversaire ou ennemi de tous les hommes puissent désigner
autre chose que l’exclusion ou le rejet ? Il est, à mon avis, difficile de
l’interpréter autrement. Exclusion ? Rejet ? Il faut revenir à ce que
nous dit l’Epître aux Romains (11/15) : « Si en effet, leur mise à l’écart a été la réconciliation du
monde, que sera leur réintégration (ou « leur élévation »), sinon le passage de la mort à la
vie ? [12] »
La pensée de Paul est très explicite : la
perte, la « mise à l’écart »
d’Israël est temporaire et elle est nécessaire pour la réconciliation du monde.
Mais viendra un jour l’« élévation »
(plutôt que réintégration) du peuple
que Dieu « a connu d’avance »,
et elle sera semblable à une résurrection – qui est l’action de se lever - d’entre les morts. Et soyons
clairs, si « réintégration »
il y avait, ce ne serait pas dans le sein de l’Eglise ou d’une Eglise
« accomplie » : si une partie d’Israël a été provisoirement
abaissée, provisoirement « mise à
l’écart », c’est pour que s’opère « la
réconciliation du monde ». Son « élévation »
(que je préfère décidément à réintégration)
fait partie d’une même réalité ministérielle que sa « mise à l’écart ». Autant cette mise à l’écart, cet abaissement
est le côté sombre du ministère, qui est aussi le « mystère » d’Israël, autant
cette « élévation » en est
le côté lumineux : « une vie d’entre les morts »
(11/15). Il est donc impossible de voir ici un « rejet » des
Juifs ou d’un Israël qui ne serait pas « aimé », voire haï de
Dieu. Quant à être « ennemis de
tous les hommes » - parce que des Juifs, s’opposant à la mission de Paul, mettraient ainsi « le comble à leur péché » et
appelleraient la colère, voire la vengeance de Dieu – cela nous semble ne pas
correspondre à la pensée de l’Apôtre.
4) La
controverse sur l’origine paulinienne de 1 Thess. 2/14-16.
Si, enfin, nous considérons,
avec une très grande partie des spécialistes et exégètes du Second Testament,
que la 1ère épître au
Thessaloniciens est le plus ancien écrit de Paul et, peut-être, du Second
Testament (vers l’année 51), il nous
faut accepter le fait que l’Epître aux
Romains, qui lui est postérieure [13],
contredit vigoureusement ces trois terribles versets, et condamne
irrémédiablement un anathème des plus fallacieux. Or ici, les historiens du
Second Testament sont partagés : certains estiment que cet anathème est de
Paul et qu’il n’est pas bien différent d’autres que les nombreuses écoles
juives pouvaient se jeter les unes sur les autres. Trouver dans cette brève
diatribe une attaque antisémite relèverait donc du contresens. Ils ajoutent que
des expressions, telles « Christ
Jésus », « imiter» [14], « église de Dieu » [15] et la tournure de style sont spécifiques
à l’Apôtre Paul. Il faudrait se référer, notamment, à Romains 2/17 à 29 que personne ne pourrait se permettre de déclarer
antisémite. Nous reviendrons, plus loin, sur ces versets. Mais la violence du
propos de 1 Thess. 2/14 à 16 fait
débat et, à mon avis, il ne faut pas craindre d’y apporter sa contribution,
même si, depuis le temps, la question semble toujours être posée.
Car d’autres estiment que
ces trois versets ne sont pas de Paul. Ils seraient une adjonction nettement
postérieure qui daterait, pour les uns, de la fin du 1er siècle et
pour les autres du 3ème, voire du 4ème siècle [16].
J’avoue être de ces derniers. Car rien n’interdit de supposer que certains
« disciples » ou copistes fussent capables d’imiter le style de Paul.
Or, déjà vers la fin du 2ème
siècle et au début du 3ème siècle, l’antijudaïsme de certaines
églises installées dans des villes hellénistiques, comme Alexandrie, était
virulent et confinait à l’antisémitisme. Ces églises reprenaient certaines
rengaines aussi polémiques que diffamatoires, distillées par le paganisme grec
depuis plusieurs siècles. Parmi elles, les accusations d’athéisme et d’être
ennemis du genre humain. Le Christianisme triomphant devait assimiler
l’accusation d’athéisme à la notion de déicide (meurtrier de Dieu) dès que la
divinité du Christ finit par triompher dans les esprits. Quant à l’accusation
d’ennemis du genre humain (reprise aussi du paganisme grec), elle fut la
conséquence dévoyée de la perception que les Chrétiens pouvaient avoir de
l’opposition juive à la grâce salvatrice qu’ils estimaient être universelle en
leur Messie, Jésus Christ.
Mais l’argument qui me
semble décisif pour soutenir que ces trois versets de 1 Thessaloniciens ne sont pas de Paul, c’est la continuité entre le
verset 12 (peut-être 13) et 17 qui démontrerait l’unité du chapitre : les versets 14 à 16 sont en totale rupture avec le ton général du
chapitre : « Et vous le savez : traitant chacun de vous
comme un père ses enfants, nous vous avons exhortés, encouragés et adjurés de
vous conduire d’une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son Royaume et à
sa gloire. Voici pourquoi de notre côté, nous rendons sans cesse grâce à
Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions
entendre, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais comme ce
qu’elle est réellement, la parole de Dieu, qui est aussi à l’œuvre en vous les
croyants. » (… v. 14 à 16 …) « Pour nous frères, séparés de vous pour
un temps, loin des yeux mais non du cœur, nous avons redoublé d’efforts pour
aller vous voir, car nous en avions un vif désir. » Cette continuité a souvent été souligné par des
penseurs juifs qui se sont penchés sur ce texte.
a) Les mots
« Judée » et « Juifs » chez Paul.
On peut, certes, invoquer
une brusque et violente colère de Paul - qui était, semble-t-il, coutumier du
fait - pour tenter encore de justifier cette brutale imprécation aussi brève
que soudaine. Mais c’est peu convaincant ! Car nous devons aussi constater
que le verset 14 est le seul, de 1 Thessaloniciens, qui fasse référence
à la Judée et aux Juifs, et qui rompt, sans raison apparente, la logique de
l’écrit. Le terme « Judée »[17] est
peu employé par Paul : il l’est 4 fois dans ses épîtres (Rom. 15/31 ; 2 Cor. 1/16 ; Gal.
1/22 ; 1 Thess. 2/14) et renvoie pour deux de ces quatre références
aux « églises de Judée » (Galates
et 1 Thess.), pour l’une d’entre elles à un voyage qui aurait pu y avoir
lieu ( 2 Cor.) et pour la quatrième
comme l’endroit (l’église) où le parti des « incrédules » est
particulièrement puissant : « Car je vous exhorte, frères, par notre Seigneur
Jésus Christ et par l’amour de l’Esprit, à combattre avec moi par les prières
que vous adressez à Dieu pour moi, afin que j’échappe aux incrédules de Judée et que le secours [18]
que j’apporte à Jérusalem soit bien accueilli par les saints [19]. »
(Romains 15/30-31).
Le mot désignant le nom
commun de « Juif » (’Ioudaios)
est employé 25 fois dans les épîtres reconnues comme étant spécifiquement de
Paul [20].
Nous relèverons les seules références, autres que 1 Thessaloniciens (2/13 à 16) qui pourraient sembler
oppositionnelles ou hostiles aux Juifs, pour avoir l’occasion d’y revenir plus
loin.
La première référence
renvoie à l’expression paulinienne : « pour
le Juif d’abord (ou « premièrement », cf. Segond), puis pour le
Grec » [21]
qui établit l’égalité de traitement. Toutefois, ce sont les Juifs qui ont
d’abord accès à la connaissance du bien et du mal selon ce que juge le Dieu
unique en qui il n’y a pas de partialité : « Détresse et angoisse pour tout homme qui connaît le mal, pour le
Juif d’abord et pour le Grec », suivi immédiatement : « gloire, honneur et paix à quiconque
fait le bien, au Juif d’abord puis au Grec, car en Dieu il n’y a pas de
partialité. » (Rom. 2/9-10).
Cette impartialité de Dieu
transparaît dans l’ensemble de l’Epître
aux Romains (3/9 ; et
surtout en 10/12) : « Il n’y
a aucune différence entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous le même
Seigneur » et en Galates 3/28 :
« Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il
n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous
vous êtes un en Jésus-Christ »,
l’appellation « Grec » étant remplacé parfois par celle de
« païen » (3/29 ; 9/24).
Mais les Juifs (ou les Hébreux ou Israélites) et les Grecs (ou les païens) sont
réunis dans un même raisonnement ou dans un même blâme [22], par
exemple, lorsque Paul fustige les membres de l’Eglise de Corinthe : « Je le
répète, que l’on ne pense pas que je suis fou – ou bien alors acceptez que je
sois fou, que je puisse moi aussi me vanter un peu. Ce que je vais dire, je ne
le dis pas selon le Seigneur, mais comme en pleine folie, dans mon assurance
d’avoir de quoi me vanter. Puisque beaucoup se vantent de leurs avantages
humains, moi aussi je me vanterai. Volontiers, vous supportez les gens qui perdent
la raison, vous si raisonnables. Vous supportez qu’on vous asservisse, qu’on
vous dévore, qu’on vous dépouille, qu’on vous frappe au visage ; je le dis
à notre honte [23]
comme si nous avions été faibles.
Ce qu’on ose dire – je parle comme un fou – je l’ose
moi aussi. Ils sont Hébreux ? [24]
Moi aussi ! Israélites ? Moi aussi ! De la descendance
d’Abraham ? Moi aussi ! Ministres du Christ ? – Je vais dire une
folie – Moi bien plus ! Dans les fatigues – bien davantage, dans les
prisons – bien d’avantage, sous les coups – infiniment plus, dans les dangers
de mort – bien des fois !
Des Juifs, j’ai reçu cinq fois les trente-neuf coups [25],
trois fois j’ai été flagellé [26],
une fois lapidé [27],
trois fois, j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit sur l’abîme [28].
Voyages à pieds, souvent, dangers des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des
païens, dangers dans les villes, dangers dans le désert, dangers sur les
mers, dangers des faux frères ! Fatigues et peine, veilles souvent ; faim
et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement ; sans compter tout le
reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Eglises. » (2
Corinthiens 11/16 à 28).
Toutefois quelle que soit
l’acrimonie du propos, nous ne retrouvons pas la violence douteuse de 1 Thessaloniciens 2/14 à 16. Même le chapitre 2 de l’Epître aux Romains, qui n’est pas particulièrement tendre à l’égard
des Juifs, n’est pas aussi extrémiste : « Mais, si toi qui portes le nom de
Juif, qui te reposes sur la Loi et qui mets son orgueil en ton Dieu, toi qui
connais sa volonté, toi qui, instruit par la Loi, discernes l’essentiel, toi
qui es convaincu d’être le guide des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans
les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des simples, parce que tu
possèdes dans la Loi l’expression même de la connaissance et de la vérité… Eh
bien ! toi qui enseignes autrui, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Tu
prêches de ne pas voler, et tu voles ! Tu interdis l’adultère, et tu
commets l’adultère ! Tu as horreur des idoles, et tu pilles les
temples ! Tu mets ton orgueil dans la Loi, et tu déshonores Dieu en
transgressant la loi ! En effet, comme il est écrit, le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les païens [29].
Sans doute la circoncision est utile si tu pratiques
la Loi, mais si tu transgresses la Loi, avec ta circoncision tu n’es plus qu’un
incirconcis. Si donc l’incirconcis observe les prescriptions de la Loi, son
incirconcision ne lui sera-t-elle pas comptée comme circoncision ? Et lui
qui, physiquement incirconcis, accomplit la Loi, te jugera, toi qui, avec la lettre de la Loi et la circoncision,
transgresses la Loi. En effet, ce n’est pas ce qui se voit qui fait le Juif, ni
la marque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais c’est ce qui est
caché qui fait le Juif, et la circoncision est celle du cœur, celle qui relève
de l’Esprit et non de la lettre. Voilà l’homme qui reçoit sa louange non des
hommes, mais de Dieu. » (Romains 2/17 à 29).
b) L’apport des Juifs dans
l’histoire du salut chez Paul et la théorie du « rejet » d’Israël.
La diatribe paulinienne
n’est pas bien différente de celle de Jean-Baptiste ou du jugement sévère de
Jésus sur les Pharisiens. Nous ne voyons pas de rapport avec 1 Thessaloniciens 2/14-16, dans la
mesure où il s’agit ici d’une critique, certes véhémente, de la transgression de la Loi par les Juifs. Et si, comme nous
l’avons déjà souligné, l’Epître aux
Romains est postérieure à la 1ère
épître aux Thessaloniciens, de 6 à 7 années, à moins d’un changement radical
de la pensée paulinienne en la matière, ce qui semble peu probable, la
contradiction de 1 Thess. 2/14-16
devient flagrante et le démenti cinglant lorsque Paul ajoute :
« Quelle est donc la supériorité du Juif ?
Quelle est l’utilité de la circoncision ? Grande à tous égards ! Et
d’abord, c’est à eux que les révélations de Dieu [30]
ont été confiées. Quoi donc ? Si certains furent infidèles, leur
infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu ? Certes non ! Dieu
doit être reconnu véridique et tout homme menteur, selon qu’il est écrit :
Il faut que tu sois reconnu juste dans
tes paroles, et que tu triomphes lorsqu’on te juge [31]. »
(Rom. 3/1 à 4).
Ces quatre versets annoncent
Romains 9, 10 et 11 qui confirment
l’élection d’un Israël que Dieu n’a pas rejeté et « à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la
loi, le culte, les promesses et les pères » et de qui est issu le
Christ (Rom. 9/4-5). La notion du
rejet d’Israël est donc une idée fallacieuse d’un Christianisme qui veut
déposséder Israël de son héritage. Or pour déposséder quelqu’un de son héritage
il faut soit le capter, c’est-à-dire le dérober par ruse ou par force, soit se
débarrasser de l’héritier, c’est-à-dire le faire disparaître. Il est malheureux
de constater que l’Eglise tentera de faire les deux exactions.
5) Discussion
sur « les Juifs ont mis le comble à leur péché ; la colère est tombée
sur eux ».
a) « Le comble
à leur péché » et la théorie du « bouc émissaire »
Le dernier point qu’il nous
faut envisager est la relation entre le fait 3) « que les Juifs ont mis « en tout temps [32]
le comble à leur péché » [33]
et 4) « la colère est tombée sur
eux à la fin » [34].
3) « Le comble en tout temps au péché »
est particulièrement significatif d’un péché absolutisé et irréversible. On y a
vu, par la suite, une manifestation du « péché mortel », en ce que le
crime de déicide enfermait irrévocablement les Juifs dans une opposition
violente à l’annonce de l’Evangile et ainsi à la promesse du salut pour
empêcher tout homme d’y accéder. On en arriva à la théorie du « bouc
émissaire » [35] qui
voyait le Juif porter la malédiction divine, à cause d’un péché absolu et
impardonnable ; d’autant plus qu’on n’arrivait pas à le détruire ou à
l’extirper des lieux de Chrétienté. Il était, dès lors, loisible de le désigner
à la vindicte populaire, lors des grandes épidémies, des grandes famines ou
autres catastrophes. D’où les pogroms, les assassinats et les humiliations sans
nombre qu’on leur fit subir souvent au nom du Christ. Ces exactions qui
confinèrent souvent à l’institution rituelle[36]
devaient aboutir à la tentative de destruction des Juifs d’Europe par les
nazis.
b) Difficultés pour
expliquer la « colère est tombée sur eux à la fin ».
4) Pour ce qui est de « la colère (qui) est tombée sur eux à
la fin », nous nous trouvons devant une difficulté de traduction.
Comment traduire ? Par « La
colère est tombée sur eux à la fin » (TOB), ou « Mais la colère a fini par les atteindre » (NBS), ou « La colère est survenue comme
conséquence », ou « La
colère a pris les devants pour résultat », ou encore « La colère s’est hâtée pour
acquittement » ? Tout dépend comment on interprète les mots grecs
’éphthasen, ’eis, et télos [37]. Toutefois, il ne fait aucun doute que
les mots grecs ’orgê et télos désignent et la
« colère » et une « limite ultime » [38]. Certains, d’ailleurs, y ont vu la
preuve que 1 Thessaloniciens 2/14-16
était vraiment de Paul.
La TOB nous donne
l’explication suivante : « La
colère est tombée sur eux. On lit cette phrase (avec la précision colère de
Dieu, leçon qui est celle aussi de plusieurs manuscrits) dans le Testament des
Douze Patriarches (Test. Lévi 6/11) où la colère de Dieu vise des étrangers,
les Sichémites, auxquels les fils de Jacob ont fait subir de mauvais
traitements. S’il utilise ce texte, Paul en retourne donc le sens.
’’A la fin’’ : d’autres traduisent ’’pour
toujours’’ ou ’’continuellement’’, ou encore ’’en vue de la fin’’. Noter
le parallélisme avec 1/10 : la
foi en Jésus délivre de la colère, mais faire obstacle au salut, c’est tomber
sous le coup de cette colère [39]. » (TOB,
p. 2874, note x).
Cette explication a le
mérite d’être donnée, mais elle révèle le malaise que peut avoir le
commentateur, face à ces terribles versets. En tout cas, elle part du
principe qu’ils sont écrits par Paul.
La 1ère épître aux
Thessaloniciens emploie 3 fois le mot « colère » : en 1/10, 2/16, et 5/9 :
1) « Chacun raconte (…) comment vous vous êtes
tournés vers Dieu en vous détournant des idoles, pour servir le Dieu vivant et
véritable et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité des morts,
Jésus, qui nous a arrachés à la colère (’orgê) qui
vient. » (1/10).
2) « Ils
(les Juifs) ne plaisent pas à Dieu et
sont ennemis de tous les hommes, ils nous empêchent de prêcher aux païens pour
les sauver, et mettent ainsi, en tout temps, le comble à leur péché. Mais la colère est tombée sur eux, à la
fin. » (2/15-16).
3) « Car
Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère,
mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus Christ, mort pour nous afin
que, veillant ou dormant, nous vivions unis à lui. » (5/9).
Si nous nous référons à 1 Thessaloniciens 1/10 et 5/9, ceux qui sont « en
Christ » sont arrachés à, ou ne subissent pas la colère du Dieu qui vient.
S’il s’agit ici de « la
manifestation du juste jugement de Dieu » (Rom. 2/5), il concerne,
chez Paul, tous les hommes, Juifs et Grecs (païens) enfermés dans la mort du
péché, qui n’ont pas connu le salut en Jésus-Christ, ou l’ont méprisé, ou s’y
sont opposés. C’est ce péché que Dieu refuse avec colère et condamne à mort par
son jugement définitif qui commence avec la croix de Jésus-Christ et se
terminera à sa deuxième parousie. Ce jugement pourrait donc peser aussi sur les
Juifs qui s’opposent au salut. Mais, d’après Paul, les Juifs n’en ont pas
l’exclusivité ; ce que pourrait laisser supposer 1 Thess. 2/16. L’Epître aux
Romains va, d’ailleurs de manière significative, à l’encontre du propos de 1 Thess. 2/16 : « Ainsi
donc (Dieu) fait miséricorde à qui il
veut et il endurcit qui il veut. Mais alors, diras-tu, de quoi se plaint-il
encore ? Car enfin, qui résisterait à sa volonté ? – Qui es-tu donc,
homme, pour entrer en contestation avec Dieu ? L’ouvrage va-t-il dire à l’ouvrier [40] : Pourquoi m’as-tu fait
ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de son argile pour faire, de la même
pâte, tel vase d’usage noble, tel autre d’usage vulgaire ? Si donc Dieu,
voulant montrer sa colère et faire
connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de patience des vases de colère prêts pour la perdition, et ceci
afin de faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de
miséricorde que, d’avance, il a préparés pour sa gloire, nous qu’il a appelés non seulement d’entre les Juifs mais
encore d’entre les païens. » (Rom. 9/19 à 24).
Le « non seulement », en la circonstance, est décisif car la
miséricorde de Dieu, selon la logique paulinienne, s’adresse d’abord au Juif et
ensuite au Grec. C’est pourquoi Paul revendique sans cesse sa judaïté et refuse
de se séparer de son peuple [41].
Enfin, pour certains - parmi ceux qui estiment que 1 Thessaloniciens 2/14 à 16 n’est pas de Paul -, la « colère. à la fin » peut
être hypothétiquement comprise ainsi : « la colère » aurait
eu pour résultat, « à la fin »,
la prise de Jérusalem par Titus, et l’incendie du Temple en 70 ap. JC. Ou plus
tard la destruction de Jérusalem sur l’ordre d’Hadrien en 135, lors de la
révolte de Bar Kochba, qui se disait messie [42].
Peut-être ces hypothèses paraissent-elles quelque peu « tirées par les
cheveux » ; mais pourquoi pas ? Cependant, il ne fait aucun
doute que, pour eux, 1 Thess. 2/14 à 16
est une adjonction postérieure à l’ensemble de l’épître : Paul n’a rien écrit après 70 et, sûrement,
était-il déjà mort.
Pour ma part, j’en reste à une adjonction postérieure,
datant de la fin du 2ème ou du 3ème siècle et d’origine
grecque, qui justifierait un fort ressentiment envers les Juifs, de la part de
Chrétiens – persécutés au même titre que eux - et qui essayaient de s’en
différencier par une apologétique fortement influencée par la gnose, la
philosophie grecque, voire par le paganisme. Je pense donc que ces trois
dangereux versets n’ont rien à faire dans I
Thessaloniciens et devraient être
ôté de cet écrit.
JJ. Demouveaux
(2003, revu en 2015).
[1]
Epître écrite au début de l’année 51.
[2] Autre
traduction : « A fini par les atteindre » (NBS).
[3]
F. Lovsky distingue l’antijudaïsme de l’antisémitisme. L’antijudaïsme serait de
l’ordre du désaccord, ou de la contestation de certains aspects de la pensée
juive afin de s’en différencier, dès l’instant qu’il demeure dans le seul
domaine de la théologie. L’antisémitisme, quant à lui, vise à l’éradication
(jusqu’à la suppression) physique du Juif. Cette distinction me paraît
difficile à tenir sans une solide connaissance historique et une grande rigueur
théologique (ce qui est le cas de F. Lovsky) qui, sans cela, pourrait se
révéler ambiguë ou difficilement compréhensible.
[4] Voir
aussi Romains 11/3.
[5]
Livre qui formait à l’origine un ouvrage commun avec celui d’Esdras : la Bible hébraïque marque
la continuité entre les deux écrits. La rédaction du livre de Néhémie pose
question : vers 398-397 avant JC ?
[6]
Discours d’Etienne devant le Sanhédrin, en Actes
7/52.
[7]
Discours de Pierre devant le Sanhédrin, en Actes
5/30 et chez Corneille, en Actes
10/39). Pour ce qui est de la malédiction de celui qui est « pendu au
bois » : « Celui qui est
pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu » (Deut. 21/23 ;
trad. L. Segond) ;
« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu
malédiction pour nous – car il est écrit : ‘’Maudit est quiconque est
pendu au bois’’… » (Gal. 3/13 ; trad. L. Segond).
[8] Voir
les discours de Pierre le jour de Pentecôte, en Actes 2/23, sur le parvis du Temple, en 3/13 ou encore le discours de Paul à Antioche de Pisidie, en 13/28-29.
[9] En
grec : mè ’apôsato ‘o theòs tòn laòn
autoû ; ; le verbe ’apôthéomai,
« repousser, rejeter, écarter de soi ».
[10]
Toujours le verbe grec ’apôthéomai.
[11]
Le grec est clair : kaì theô(i) mê
’areskontôn, kaì pâsin ’anthrôpois ’enantiôn, littéralement :
« et pour (à) Dieu ils ne plaisent pas [le grec : ’areskô, « donner satisfaction,
être agréable, se concilier »], et pour tous les hommes (ils sont) à
l’encontre [le grec : ’enantios,
« hostiles, contraires, en face de, vis-à-vis, opposés », d’où
« adversaires, ennemis »].
[12]
En grec : ’ei gàr ‘ê ’apobolê ’autôn
katallagê kosmou, tis ‘ê proslêpsis ’ei mê zôè ’ek nekrôn ;
Paul
emploie un autre terme grec, traduit par la TOB par « mise à
l’écart », qui se différencie du verbe ’apôthéomai,
« rejeter », qu’il a employé en Romains
11/1-2 : il s’agit du mot ’apobolê
[en grec classique : « action de jeter au loin, de laisser tomber une
lettre d’un mot » ou « perte »]. ’Apobolê n’est employé que deux fois dans le Second
Testament : dans le livre des Actes
des Apôtres (27/22), où Paul, en pleine tempête, exhorte l’équipage du
bateau, sur lequel il est emmené prisonnier à Rome, de prendre courage car « il n’y aura de perte que le navire » ; et en Romains 11/15. L’emploi unique de ce mot, dans les épîtres de Paul,
permet de le comprendre comme une exception ; d’autant plus qu’il peut
être opposé à l’emploi, lui aussi unique chez Paul et dans le Second Testament, d’un autre mot grec : proslêpsis, « action de prendre en outre ou d’accroître » ou encore
« assomption, élévation » que la TOB et Segond traduisent par
« réintégration » (cf. Rom.
11/15).
[13]
Epître écrite vers 57 ou 58, soit 6 à 7 ans plus tard.
[14] En
grec : miméomai, mimêtês.
[15] En
grec : ’ekklèsia tou theoû.
[16]
La rédaction des écrits du Second Testament, tels qu’ils nous sont parvenus
aujourd’hui, ont fait l’objet de nombreux remaniements jusqu’à la Réforme
(peut-être la Préréforme avec LEFEVRE D’ETAPLES). Le plus ancien (fragment de)
manuscrit peut être daté du début des années 200 et contient des lettres de
Paul (« manuscrit p 46 »), c’est-à-dire à peu près 150 ans après la 1ère épître aux Thessaloniciens
et 140 ans après celle à Philémon.
Il nous est donc impossible, à l’heure actuelle, de remonter plus haut dans le
temps. (Néanmoins, un fragment de l’Evangile de Jean (18/31, 33, 37-38) a
été retrouvé en Egypte et daterait des années 110-130. (cf. TOB p. 2544).
[17] En
grec : ’Ioudaia.
[18] En
grec : diakonia, « service,
ministère, contribution, diaconat ».
[19] En
grec : ‘oi ’agioi, « les
saints » dans le sens de « frères ».
[20]
11 fois en Romains (1/16 ; 2/9, 10,
17, 28, 29 ; 3/1, 9, 29 ; 9/24 ; 10/13), 8 fois en 1 Corinthiens (1/22, 23, 24 ; 9/20 x 3
fois ; 10/32 ; 12/13), 1 fois en 2 Corinthiens (11/24), et 4 fois en Galates (2/13, 14, 15 ; 3/28).
[21] En
grec : ’Ioudaiô te prôton kaì
‘Ellêni, voir aussi de manière positive : Rom. 1/16 ; 2/10.
[22] Voir
1 Cor. 1/20 à 25 ; 9/20-21 ;
10/32 ; 12/13 ; 2 Cor. 11/26.
[23]
En grec : katà ’atimian légô,
littéralement : « en vue de la honte (du déshonneur, du mépris) je
dis ».
[24]
Il s’agit très certainement de Judéo-chrétiens qui se disent apôtres et
contestent Paul dans son apostolat.
[25]
En grec : ‘upo ’Ioudaiôn pentakis
tesserakonta para mian ’élabon, « des Juifs j’ai pris (reçu) cinq fois
quarante moins (exception faite de) un (coups) » ; on ne connaît pas
les circonstances de ces bastonnades.
[26] On
ne connaît qu’une flagellation, celle de Philippes, d’après Actes 16/20 à 24.
[27] A
Lystres, d’après Actes 14/19-20.
[28] En
grec : nuchthèmeron ’en tô(i)
buthô(i) pepoiêka, « j’ai fait une nuit et un jour dans
l’abîme » ; l’abîme peut être compris comme la mer déchaînée.
[29] Esaïe 52/5 grec.
[30] En
grec : tà logia toû theoû,
« les paroles révélées, ou oracles, de Dieu ».
[31] Psaume 51/6 grec.
[32] En
grec : pantote, adverbe :
« toujours, en tout temps ».
[33]
En grec : eis tò ’anaplèrôsai autôn
tàs ’amartias pantote, litt. « pour tout temps ils comblent eux-mêmes
leur péché ».
[34]
En grec : ’éphthasen dè ’ep’ ’autous
‘ê ’orgè eis télos, litt. « la colère a pris les devant – (ou encore : ‘’est arrivée’’,
‘’survenue’’, ‘’s’est hâtée’’) – pour (en
vue de) la fin – (ou encore :
‘’pour achèvement, réalisation, résultat, conséquence’’ ou ‘’pour dénouement’’,
‘’pour paiement, acquittement’’ ) ».
[35] Voir
note 202.
[36]
Par exemple, la cérémonie rituelle du soufflet qui était donné aux dignitaires
juifs lors du Vendredi saint.
[37]
En grec : ’ephthasen, aoriste du
verbe phthanô : « devancer,
arriver, survenir, se hâter, prendre les devants ». La préposition ’eis peut se traduire par « vers,
jusqu’à, dans, sur, en vue, pour ». Le mot télos peut se traduire par « fin, achèvement, réalisation,
résultat, conséquence, dénouement, paiement, acquittement ».
[38]
En effet, le mot grec ’orgê (« colère ») est employé 21 fois dans le corpus
paulinien, dont 15 fois dans les épîtres reconnues comme
« authentiques » (soulignées
dans la parenthèse) de Paul (Rom.,
12 ; Eph., 3 ; Col., 2 ;
1Thes., 3 ; 1Tim., 1) pour 36 dans le Second Testament (Ev. : Mat., 1 ; Mc, 1 ; Lc,
2 ; Jn, 1 ; autres
écrits : Hb, 2 ; Jacq. 2 ; Apoc, 6). Quant au mot grec télos
(« fin, but… »), il est employé 14 fois dans le corpus paulinien (12
fois pour les « authentiques » : Rom., 5 ; 1Co,
3 ; 2Co, 3 ;
Philip.,
1 : 1Thess., 1 ;
1Tite,
1), pour 42 fois dans le Second Testament ( Evangiles : Mat., 6 ; Mc, 3 ; Lc,
4 ; Jn, 1 ; autres
écrits : Hb, 5 ; Jacq., 1 ; 1Pi, 4 ; Apoc., 4).
Mais alors quelle colère les Juifs ont-ils subie à la fin ?
[39]
C’est-à-dire du jugement de Dieu qui vient.
[40] Voir
Es. 29/16 ; 45/9.
[41] Voir
Rom. 9/1 à 5 ; 10/1 à 4 ;
11/1-2, 11-12, 25 à 32.
[42]
Jérusalem fut alors interdite aux Juifs et devint une cité païenne rebaptisée
du nom latin d’Aelia Capitolina. Le
territoire d’Israël fut appelé Palestine,
latinisation de Pays des Philistins.
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