dimanche 21 février 2016

UN DANGEREUX DERAPAGE ANTISEMITE DANS UN ECRIT BIBLIQUE (Etude théologique)

Un dangereux dérapage antisémite dans un écrit biblique attribué à Paul :

1 Thessaloniciens 2/14 à 16. (Etude théologique)


1) Un texte violent.


 Les versets 14 à 16 du chapitre 2, à mon avis, d’une funeste adjonction à la 1ère Epître aux Thessaloniciens [1], qui lui est très probablement postérieure d’un ou deux siècles. Elle est significative d’un antijudaïsme qui s’est nettement transformé en antisémitisme. Elle reste, dans la mesure où elle est intégrée à l’épître paulinienne, une tentation majeure pour l’expression d’un antisémitisme chrétien qui peut surgir à tout instant. Je pense qu’il faudrait la supprimer totalement de l’épître.

Nous avons ici les éléments dont le ferment fut un antisémitisme que l’on retrouvait dans le monde grec, que ce soit à Antioche, à Alexandrie ou à Thessalonique : « En effet, frères, vous avez imité les Eglises de Dieu qui sont en Judée, dans le Christ Jésus, puisque vous avez souffert, de vos propres compatriotes, ce qu’elles ont souffert de la part des Juifs ; eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes, ils nous ont aussi persécutés, ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes, ils nous empêchent de prêcher aux païens pour les sauver, et mettent ainsi, en tout temps, le comble à leur péché. Mais la colère est tombée sur eux, à la fin [2]. » (1 Thess. 2/14 à 16, traduction TOB).

S’il a été souvent difficile parfois d’adoucir la traduction de ce texte, tant le grec est précis et particulièrement violent, les exégètes modernes, qui estiment qu’il est de Paul, ont tenté d’en donner une explication qui le justifierait. Il n’en demeure pas moins que les paroles sont là : excessives et impitoyables. J’estime, pour ma part, qu’elles ne sont pas de l’Apôtre : elles se réfèrent trop précisément à un ancien argumentaire antisémite païen, propagé par les Grecs, que l’on retrouve notamment à Alexandrie et certainement dans d’autres villes du monde grec. Les Eglises, dispersées en terre païenne, en connaissaient très sûrement la teneur, dès la fin du premier siècle, sans pour cela y succomber obligatoirement.

[ F. LOVSKY, citant l’historien Flavius JOSEPHE, nous dit qu’en réfutant les calomnies de ses adversaires écrivains (notamment dans son traité « Contre Apion »), JOSEPHE nous a conservé « la somme des griefs qui circulaient au 1er siècle dans le Proche-Orient de langue grecque. » : « A les en croire, les Juifs auraient été des imposteurs ; des sorciers et des lépreux, haïssant le genre humain, capables d’assassiner des Grecs pour des raisons religieuses, athées et sacrilèges par rapport au paganisme, adorateur de l’âne et du porc – dès l’Antiquité, l’antisémitisme ne craint pas de se contredire – incendiaires, inhospitaliers, politiquement séditieux, conspirateurs, ennemis de tous les hommes (du genre humain), particulièrement hostiles aux Grecs. Ces calomnies plus ou moins diffuses parmi les populations de langue ou de culture grecques qui devaient se rallier au Christianisme, gagnèrent la Méditerranée occidentale. » (« L’antisémitisme chrétien », Ed. du Cerf, 1970, p. 12-13). ]

Il est absolument normal qu’un Chrétien contemporain, éclairé et sensible à ses racines juives, soit atterré à la lecture d’un tel texte. Dans une longue mise au point, la TOB (Traduction Œcuménique de la Bible, édition intégrale, 2000) tente de comprendre le pourquoi d’une telle diatribe. La question est suffisamment sérieuse pour que nous reproduisions le texte in extenso :

« Ce jugement sévère porté contre les Juifs doit être bien compris. Paul revendique toujours avec fierté sa qualité de Juif et souligne à maintes reprises le privilège d’Israël. La colère et la gloire sont pour le Juif d’abord, et pour le Grec. Cf. Rom. 2/9-10. Au cours de sa mission, c’est aux Juifs d’abord qu’il adresse le message de salut. D’après le livre des Actes, c’est ainsi qu’il agit à Chypre (13/5), à Antioche de Pisidie (13/14-43), à Iconium (14/1), à Philippes (16/3), à Thessalonique (17/2), à Bérée (17/10), à Corinthe (18/4), à Ephèse (19/8), et enfin à Rome (28/17-24). Mais à chaque fois (cf. Act. 13//45 à 50 ; 14/2, 19 ; 17/5, 13 ; 18/12) des Juifs, non dépourvus d’influence dans les cités grecques, empêchent sa prédication aux païens et lui créent des difficultés graves qui vont jusqu’aux mauvais traitements (2 Cor. 11/24).
C’est ce qui explique la violence des termes employés ici par Paul qui, Juif lui-même, s’indigne de l’aveuglement de ses frères, les Juifs, qui auraient dû être les porteurs de l’Evangile, lui font partout obstacle, comme ils ont jadis fait obstacle au message des prophètes, puis à celui de Jésus. Pourtant, lorsque Paul envisage le sort du peuple élu, il n’invoque jamais comme cause du rejet temporaire d’Israël la condamnation et la mort du Christ à Jérusalem ou la persécution contre les Chrétiens. Il s’en explique longuement en Galates 4/21 à 31 et surtout Romains 9 à 11 : c’est en refusant le message de l’Evangile qu’Israël se place lui-même, provisoirement, en dehors d’un salut qui lui sera toujours proposé (cf. Rom. 9/2 note), et dont Paul affirme qu’Israël bénéficiera, car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables (Rom. 11/29). En tout temps. En cette période de l’histoire, comme durant la période précédente (cf. le mauvais accueil fait à la prédication des prophètes). » (TOB, p. 2873-2874, note w).


2) Discussion de 1 Thess. 2/14 à 16 : « les Juifs ont tué les prophètes et le Seigneur Jésus ».


L’explication de la TOB se veut avant tout théologique. Elle voudrait apparenter la diatribe « paulinienne » à une forme d’antijudaïsme et non à une forme d’antisémitisme, selon la distinction de F. LOVSKY[3]. Néanmoins, elle n’éclaircit pas théologiquement le choix des expressions, telles 1) « eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes », 2) « ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes », 3) « ils mettent, en tout temps, le comble à leur péché », et 4) « la colère est tombée sur eux, à la fin. » Reprenons ces expressions :

1) « Eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes ». Pour ce qui est de tuer les prophètes, il y a le cas de Jézabel, femme du roi d’Israël Achab, qui est accusée d’avoir exterminé les prophètes de l’Eternel (1 Rois 18/4). Jézabel n’est pas israélite, elle est phénicienne (originaire de Sidon) ; mais Achab est tenu pour « coresponsable » de ces meurtres et en portera l’infamie, lui et toute sa maison (cf. 2 Rois 9/6 à 10). Le prophète Elie se plaint à Dieu : « J’ai déployé mon zèle pour YHWH ; car les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels, et ils ont tué par l’épée tes prophètes ; je suis resté moi seul, et ils cherchent à m’ôter la vie [4]. » (1 Rois 19/10, trad. Segond). Le livre de Néhémie précise : « Ils se soulevèrent et se révoltèrent contre toi (YHWH). Ils jetèrent ta loi derrière leur dos, ils tuèrent tes prophètes, qui les conjuraient de revenir à toi. » (9/26, trad. Segond). Jésus, lui-même, s’écrie contre les Pharisiens : « Vous êtes les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes » (Mat. 23/31), et lorsqu’il se lamente sur Jérusalem : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés » (Mat. 23/37 ; Luc 13/34).

Dans 1 Rois 18/4 et 19/10, le peuple visé, pour le meurtre des prophètes, est celui du Royaume du Nord, Israël, et non pas celui du Sud, Juda. En revanche, le livre de Néhémie [5] – qui relate l’installation des Juifs de retour d’exil et établit les trois réalités qui fonderont l’existence renouvelée d’Israël : le Temple (le sacerdoce), Jérusalem (la terre) et le peuple (la loi) – enferme Israël et Juda dans la même faute de désobéissance et d’infidélité qui les amènent à « tuer les prophètes » (Néhémie 9/26).

Mais pour ce qui est de « tuer le Seigneur Jésus », c’est le livre des Actes des Apôtres qui est le plus précis, notamment les récits de Pierre devant le Sanhédrin, de la lapidation d’Etienne et de la conversion de Corneille : « Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécutés ? Ils ont même tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous avez trahi et assassiné [6]. » ; « Lui que (les Juifs) ont supprimé en le pendant au bois [7] », soulignant ainsi la malédiction de la crucifixion. Toutefois, les autres discours, relatant la mort de Jésus, sont beaucoup plus exacts, lorsqu’ils affirment que les Juifs l’ont livré à Pilate ou encore « à des mains impies » [8].

Le constat, que nous pouvons faire, c’est qu’il n’existe pas, dans le Second Testament, de théorie du rejet d’Israël. En cela, l’ensemble de ses écrits est conforme à ce qu’atteste Paul dans l’Epître aux Romains : « Je demande donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple [9] ? Certes non ! Car je suis moi-même Israélite, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a pas rejeté [10] son peuple, que d’avance il a connu. » (Rom. 11/1-2). La conception du rejet d’Israël va s’installer lorsque l’Eglise s’appropriera, de manière exclusive, les Ecritures (Premier Testament) et l’alliance, se proclamera « nouvel ou vrai Israël » (Verus Israel), expression qui n’existe pas dans la Bible, et prétendra être seule détentrice universelle du salut. Cette conception du rejet d’Israël est l’une des pires escroqueries théologiques concoctées par l’Eglise. Elle aura des conséquences funestes pour les relations entre Juifs et Chrétiens, et justifiera souvent les exactions les plus abominables contre les Juifs : meurtres, pogroms, humiliations, tortures…


3) Discussion sur « les Juifs ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes ».


2) Mais si les écrits du Second Testament bannissent la théorie du rejet d’Israël, comment doit-on interpréter 1 Thessaloniciens 2/15 : « ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes » [11] ? Peut-on considérer que ne pas plaire à Dieu et être adversaire ou ennemi de tous les hommes puissent désigner autre chose que l’exclusion ou le rejet ? Il est, à mon avis, difficile de l’interpréter autrement. Exclusion ? Rejet ? Il faut revenir à ce que nous dit l’Epître aux Romains (11/15) : « Si en effet, leur mise à l’écart a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration (ou « leur élévation »), sinon le passage de la mort à la vie ? [12] »

La pensée de Paul est très explicite : la perte, la « mise à l’écart » d’Israël est temporaire et elle est nécessaire pour la réconciliation du monde. Mais viendra un jour l’« élévation » (plutôt que réintégration) du peuple que Dieu « a connu d’avance », et elle sera semblable à une résurrection – qui est l’action de se lever - d’entre les morts. Et soyons clairs, si « réintégration » il y avait, ce ne serait pas dans le sein de l’Eglise ou d’une Eglise « accomplie » : si une partie d’Israël a été provisoirement abaissée, provisoirement « mise à l’écart », c’est pour que s’opère « la réconciliation du monde ». Son « élévation » (que je préfère décidément à réintégration) fait partie d’une même réalité ministérielle que sa « mise à l’écart ». Autant cette mise à l’écart, cet abaissement est le côté sombre du ministère, qui est aussi le « mystère » d’Israël, autant cette « élévation » en est le côté lumineux : « une vie d’entre les morts » (11/15). Il est donc impossible de voir ici un « rejet » des Juifs ou d’un Israël qui ne serait pas « aimé », voire haï de Dieu. Quant à être « ennemis de tous les hommes » - parce que des Juifs, s’opposant à la mission de Paul, mettraient ainsi « le comble à leur péché » et appelleraient la colère, voire la vengeance de Dieu – cela nous semble ne pas correspondre à la pensée de l’Apôtre.


4) La controverse sur l’origine paulinienne de 1 Thess. 2/14-16.


Si, enfin, nous considérons, avec une très grande partie des spécialistes et exégètes du Second Testament, que la 1ère épître au Thessaloniciens est le plus ancien écrit de Paul et, peut-être, du Second Testament (vers l’année 51), il nous faut accepter le fait que l’Epître aux Romains, qui lui est postérieure [13], contredit vigoureusement ces trois terribles versets, et condamne irrémédiablement un anathème des plus fallacieux. Or ici, les historiens du Second Testament sont partagés : certains estiment que cet anathème est de Paul et qu’il n’est pas bien différent d’autres que les nombreuses écoles juives pouvaient se jeter les unes sur les autres. Trouver dans cette brève diatribe une attaque antisémite relèverait donc du contresens. Ils ajoutent que des expressions, telles « Christ Jésus », « imiter» [14], « église de Dieu » [15] et la tournure de style sont spécifiques à l’Apôtre Paul. Il faudrait se référer, notamment, à Romains 2/17 à 29 que personne ne pourrait se permettre de déclarer antisémite. Nous reviendrons, plus loin, sur ces versets. Mais la violence du propos de 1 Thess. 2/14 à 16 fait débat et, à mon avis, il ne faut pas craindre d’y apporter sa contribution, même si, depuis le temps, la question semble toujours être posée.

Car d’autres estiment que ces trois versets ne sont pas de Paul. Ils seraient une adjonction nettement postérieure qui daterait, pour les uns, de la fin du 1er siècle et pour les autres du 3ème, voire du 4ème siècle [16]. J’avoue être de ces derniers. Car rien n’interdit de supposer que certains « disciples » ou copistes fussent capables d’imiter le style de Paul.

Or, déjà vers la fin du 2ème siècle et au début du 3ème siècle, l’antijudaïsme de certaines églises installées dans des villes hellénistiques, comme Alexandrie, était virulent et confinait à l’antisémitisme. Ces églises reprenaient certaines rengaines aussi polémiques que diffamatoires, distillées par le paganisme grec depuis plusieurs siècles. Parmi elles, les accusations d’athéisme et d’être ennemis du genre humain. Le Christianisme triomphant devait assimiler l’accusation d’athéisme à la notion de déicide (meurtrier de Dieu) dès que la divinité du Christ finit par triompher dans les esprits. Quant à l’accusation d’ennemis du genre humain (reprise aussi du paganisme grec), elle fut la conséquence dévoyée de la perception que les Chrétiens pouvaient avoir de l’opposition juive à la grâce salvatrice qu’ils estimaient être universelle en leur Messie, Jésus Christ.

Mais l’argument qui me semble décisif pour soutenir que ces trois versets de 1 Thessaloniciens ne sont pas de Paul, c’est la continuité entre le verset 12 (peut-être 13) et 17 qui démontrerait l’unité du chapitre : les versets 14 à 16 sont en totale rupture avec le ton général du chapitre : « Et vous le savez : traitant chacun de vous comme un père ses enfants, nous vous avons exhortés, encouragés et adjurés de vous conduire d’une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son Royaume et à sa gloire. Voici pourquoi de notre côté, nous rendons sans cesse grâce à Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais comme ce qu’elle est réellement, la parole de Dieu, qui est aussi à l’œuvre en vous les croyants. » (… v. 14 à 16 …) « Pour nous frères, séparés de vous pour un temps, loin des yeux mais non du cœur, nous avons redoublé d’efforts pour aller vous voir, car nous en avions un vif désir. » Cette continuité a souvent été souligné par des penseurs juifs qui se sont penchés sur ce texte.


            a) Les mots « Judée » et « Juifs » chez Paul.


On peut, certes, invoquer une brusque et violente colère de Paul - qui était, semble-t-il, coutumier du fait - pour tenter encore de justifier cette brutale imprécation aussi brève que soudaine. Mais c’est peu convaincant ! Car nous devons aussi constater que le verset 14 est le seul, de 1 Thessaloniciens, qui fasse référence à la Judée et aux Juifs, et qui rompt, sans raison apparente, la logique de l’écrit. Le terme « Judée »[17] est peu employé par Paul : il l’est 4 fois dans ses épîtres (Rom. 15/31 ; 2 Cor. 1/16 ; Gal. 1/22 ; 1 Thess. 2/14) et renvoie pour deux de ces quatre références aux « églises de Judée » (Galates et 1 Thess.), pour l’une d’entre elles à un voyage qui aurait pu y avoir lieu ( 2 Cor.) et pour la quatrième comme l’endroit (l’église) où le parti des « incrédules » est particulièrement puissant : « Car je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus Christ et par l’amour de l’Esprit, à combattre avec moi par les prières que vous adressez à Dieu pour moi, afin que j’échappe aux incrédules de Judée et que le secours [18] que j’apporte à Jérusalem soit bien accueilli par les saints [19]. » (Romains 15/30-31).

Le mot désignant le nom commun de « Juif » (’Ioudaios) est employé 25 fois dans les épîtres reconnues comme étant spécifiquement de Paul [20]. Nous relèverons les seules références, autres que 1 Thessaloniciens (2/13 à 16) qui pourraient sembler oppositionnelles ou hostiles aux Juifs, pour avoir l’occasion d’y revenir plus loin.

La première référence renvoie à l’expression paulinienne : « pour le Juif d’abord (ou « premièrement », cf. Segond), puis pour le Grec » [21] qui établit l’égalité de traitement. Toutefois, ce sont les Juifs qui ont d’abord accès à la connaissance du bien et du mal selon ce que juge le Dieu unique en qui il n’y a pas de partialité : « Détresse et angoisse pour tout homme qui connaît le mal, pour le Juif d’abord et pour le Grec », suivi immédiatement : « gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au Juif d’abord puis au Grec, car en Dieu il n’y a pas de partialité. » (Rom. 2/9-10).

Cette impartialité de Dieu transparaît dans l’ensemble de l’Epître aux Romains (3/9 ; et surtout en 10/12) : « Il n’y a aucune différence entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous le même Seigneur » et en Galates 3/28 : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ », l’appellation « Grec » étant remplacé parfois par celle de « païen » (3/29 ; 9/24). Mais les Juifs (ou les Hébreux ou Israélites) et les Grecs (ou les païens) sont réunis dans un même raisonnement ou dans un même blâme [22], par exemple, lorsque Paul fustige les membres de l’Eglise de Corinthe : « Je le répète, que l’on ne pense pas que je suis fou – ou bien alors acceptez que je sois fou, que je puisse moi aussi me vanter un peu. Ce que je vais dire, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme en pleine folie, dans mon assurance d’avoir de quoi me vanter. Puisque beaucoup se vantent de leurs avantages humains, moi aussi je me vanterai. Volontiers, vous supportez les gens qui perdent la raison, vous si raisonnables. Vous supportez qu’on vous asservisse, qu’on vous dévore, qu’on vous dépouille, qu’on vous frappe au visage ; je le dis à notre honte [23] comme si nous avions été faibles.
Ce qu’on ose dire – je parle comme un fou – je l’ose moi aussi. Ils sont Hébreux ? [24] Moi aussi ! Israélites ? Moi aussi ! De la descendance d’Abraham ? Moi aussi ! Ministres du Christ ? – Je vais dire une folie – Moi bien plus ! Dans les fatigues – bien davantage, dans les prisons – bien d’avantage, sous les coups – infiniment plus, dans les dangers de mort – bien des fois !
Des Juifs, j’ai reçu cinq fois les trente-neuf coups [25], trois fois j’ai été flagellé [26], une fois lapidé [27], trois fois, j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit sur l’abîme [28]. Voyages à pieds, souvent, dangers des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans les villes, dangers dans le désert, dangers sur les mers, dangers des faux frères ! Fatigues et peine, veilles souvent ; faim et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement ; sans compter tout le reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Eglises. » (2 Corinthiens 11/16 à 28).

Toutefois quelle que soit l’acrimonie du propos, nous ne retrouvons pas la violence douteuse de 1 Thessaloniciens 2/14 à 16. Même le chapitre 2 de l’Epître aux Romains, qui n’est pas particulièrement tendre à l’égard des Juifs, n’est pas aussi extrémiste : « Mais, si toi qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi et qui mets son orgueil en ton Dieu, toi qui connais sa volonté, toi qui, instruit par la Loi, discernes l’essentiel, toi qui es convaincu d’être le guide des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des simples, parce que tu possèdes dans la Loi l’expression même de la connaissance et de la vérité… Eh bien ! toi qui enseignes autrui, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Tu prêches de ne pas voler, et tu voles ! Tu interdis l’adultère, et tu commets l’adultère ! Tu as horreur des idoles, et tu pilles les temples ! Tu mets ton orgueil dans la Loi, et tu déshonores Dieu en transgressant la loi ! En effet, comme il est écrit, le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les païens [29].
Sans doute la circoncision est utile si tu pratiques la Loi, mais si tu transgresses la Loi, avec ta circoncision tu n’es plus qu’un incirconcis. Si donc l’incirconcis observe les prescriptions de la Loi, son incirconcision ne lui sera-t-elle pas comptée comme circoncision ? Et lui qui, physiquement incirconcis, accomplit la Loi, te jugera, toi qui,  avec la lettre de la Loi et la circoncision, transgresses la Loi. En effet, ce n’est pas ce qui se voit qui fait le Juif, ni la marque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais c’est ce qui est caché qui fait le Juif, et la circoncision est celle du cœur, celle qui relève de l’Esprit et non de la lettre. Voilà l’homme qui reçoit sa louange non des hommes, mais de Dieu. » (Romains 2/17 à 29).

            

            b) L’apport des Juifs dans l’histoire du salut chez Paul et la théorie du « rejet » d’Israël.


La diatribe paulinienne n’est pas bien différente de celle de Jean-Baptiste ou du jugement sévère de Jésus sur les Pharisiens. Nous ne voyons pas de rapport avec 1 Thessaloniciens 2/14-16, dans la mesure où il s’agit ici d’une critique, certes véhémente, de la transgression de la Loi par les Juifs. Et si, comme nous l’avons déjà souligné, l’Epître aux Romains est postérieure à la 1ère épître aux Thessaloniciens, de 6 à 7 années, à moins d’un changement radical de la pensée paulinienne en la matière, ce qui semble peu probable, la contradiction de 1 Thess. 2/14-16 devient flagrante et le démenti cinglant lorsque Paul ajoute :

« Quelle est donc la supériorité du Juif ? Quelle est l’utilité de la circoncision ? Grande à tous égards ! Et d’abord, c’est à eux que les révélations de Dieu [30] ont été confiées. Quoi donc ? Si certains furent infidèles, leur infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu ? Certes non ! Dieu doit être reconnu véridique et tout homme menteur, selon qu’il est écrit : Il faut que tu sois reconnu juste dans tes paroles, et que tu triomphes lorsqu’on te juge [31]. » (Rom. 3/1 à 4).

Ces quatre versets annoncent Romains 9, 10 et 11 qui confirment l’élection d’un Israël que Dieu n’a pas rejeté et « à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses et les pères » et de qui est issu le Christ (Rom. 9/4-5). La notion du rejet d’Israël est donc une idée fallacieuse d’un Christianisme qui veut déposséder Israël de son héritage. Or pour déposséder quelqu’un de son héritage il faut soit le capter, c’est-à-dire le dérober par ruse ou par force, soit se débarrasser de l’héritier, c’est-à-dire le faire disparaître. Il est malheureux de constater que l’Eglise tentera de faire les deux exactions.


5) Discussion sur « les Juifs ont mis le comble à leur péché ; la colère est tombée sur eux ».

            

            a) « Le comble à leur péché » et la théorie du « bouc émissaire »


Le dernier point qu’il nous faut envisager est la relation entre le fait 3) « que les Juifs ont mis « en tout temps [32] le comble à leur péché » [33] et 4) « la colère est tombée sur eux à la fin » [34].

3) « Le comble en tout temps au péché » est particulièrement significatif d’un péché absolutisé et irréversible. On y a vu, par la suite, une manifestation du « péché mortel », en ce que le crime de déicide enfermait irrévocablement les Juifs dans une opposition violente à l’annonce de l’Evangile et ainsi à la promesse du salut pour empêcher tout homme d’y accéder. On en arriva à la théorie du « bouc émissaire » [35] qui voyait le Juif porter la malédiction divine, à cause d’un péché absolu et impardonnable ; d’autant plus qu’on n’arrivait pas à le détruire ou à l’extirper des lieux de Chrétienté. Il était, dès lors, loisible de le désigner à la vindicte populaire, lors des grandes épidémies, des grandes famines ou autres catastrophes. D’où les pogroms, les assassinats et les humiliations sans nombre qu’on leur fit subir souvent au nom du Christ. Ces exactions qui confinèrent souvent à l’institution rituelle[36] devaient aboutir à la tentative de destruction des Juifs d’Europe par les nazis.


            b) Difficultés pour expliquer la « colère est tombée sur eux à la fin ».


4) Pour ce qui est de « la colère (qui) est tombée sur eux à la fin », nous nous trouvons devant une difficulté de traduction. Comment traduire ? Par « La colère est tombée sur eux à la fin » (TOB), ou « Mais la colère a fini par les atteindre » (NBS), ou « La colère est survenue comme conséquence », ou « La colère a pris les devants pour résultat », ou encore « La colère s’est hâtée pour acquittement » ? Tout dépend comment on interprète les mots grecs ’éphthasen, ’eis, et télos [37]. Toutefois, il ne fait aucun doute que les mots grecs ’orgê et télos désignent et la « colère » et une « limite ultime » [38]. Certains, d’ailleurs, y ont vu la preuve que 1 Thessaloniciens 2/14-16 était vraiment de Paul.

La TOB nous donne l’explication suivante : « La colère est tombée sur eux. On lit cette phrase (avec la précision colère de Dieu, leçon qui est celle aussi de plusieurs manuscrits) dans le Testament des Douze Patriarches (Test. Lévi 6/11) où la colère de Dieu vise des étrangers, les Sichémites, auxquels les fils de Jacob ont fait subir de mauvais traitements. S’il utilise ce texte, Paul en retourne donc le sens.
’’A la fin’’ : d’autres traduisent  ’’pour toujours’’ ou ’’continuellement’’, ou encore  ’’en vue de la fin’’. Noter le parallélisme avec 1/10 : la foi en Jésus délivre de la colère, mais faire obstacle au salut, c’est tomber sous le coup de cette colère [39]» (TOB, p. 2874, note x).

Cette explication a le mérite d’être donnée, mais elle révèle le malaise que peut avoir le commentateur, face à ces terribles versets. En tout cas, elle part du principe qu’ils sont écrits par Paul. La 1ère épître aux Thessaloniciens emploie 3 fois le mot « colère » : en 1/10, 2/16, et 5/9 :
1) « Chacun raconte (…) comment vous vous êtes tournés vers Dieu en vous détournant des idoles, pour servir le Dieu vivant et véritable et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous a arrachés à la colère (’orgê) qui vient. » (1/10).
           2) « Ils (les Juifs) ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes, ils nous empêchent de prêcher aux païens pour les sauver, et mettent ainsi, en tout temps, le comble à leur péché. Mais la colère est tombée sur eux, à la fin. » (2/15-16).
         3) « Car Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus Christ, mort pour nous afin que, veillant ou dormant, nous vivions unis à lui. » (5/9).   

Si nous nous référons à 1 Thessaloniciens 1/10 et 5/9, ceux qui sont « en Christ » sont arrachés à, ou ne subissent pas la colère du Dieu qui vient. S’il s’agit ici de « la manifestation du juste jugement de Dieu » (Rom. 2/5), il concerne, chez Paul, tous les hommes, Juifs et Grecs (païens) enfermés dans la mort du péché, qui n’ont pas connu le salut en Jésus-Christ, ou l’ont méprisé, ou s’y sont opposés. C’est ce péché que Dieu refuse avec colère et condamne à mort par son jugement définitif qui commence avec la croix de Jésus-Christ et se terminera à sa deuxième parousie. Ce jugement pourrait donc peser aussi sur les Juifs qui s’opposent au salut. Mais, d’après Paul, les Juifs n’en ont pas l’exclusivité ; ce que pourrait laisser supposer 1 Thess. 2/16. L’Epître aux Romains va, d’ailleurs de manière significative, à l’encontre du propos de 1 Thess. 2/16 : « Ainsi donc (Dieu) fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut. Mais alors, diras-tu, de quoi se plaint-il encore ? Car enfin, qui résisterait à sa volonté ? – Qui es-tu donc, homme, pour entrer en contestation avec Dieu ? L’ouvrage va-t-il dire à l’ouvrier [40] : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de son argile pour faire, de la même pâte, tel vase d’usage noble, tel autre d’usage vulgaire ? Si donc Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de patience des vases de colère prêts pour la perdition, et ceci afin de faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde que, d’avance, il a préparés pour sa gloire, nous qu’il a appelés non seulement d’entre les Juifs mais encore d’entre les païens. » (Rom. 9/19 à 24).

Le « non seulement », en la circonstance, est décisif car la miséricorde de Dieu, selon la logique paulinienne, s’adresse d’abord au Juif et ensuite au Grec. C’est pourquoi Paul revendique sans cesse sa judaïté et refuse de se séparer de son peuple [41]. Enfin, pour certains - parmi ceux qui estiment que 1 Thessaloniciens 2/14 à 16 n’est pas de Paul -, la « colère. à la fin » peut être hypothétiquement comprise ainsi : « la colère » aurait eu pour résultat, « à la fin », la prise de Jérusalem par Titus, et l’incendie du Temple en 70 ap. JC. Ou plus tard la destruction de Jérusalem sur l’ordre d’Hadrien en 135, lors de la révolte de Bar Kochba, qui se disait messie [42]. Peut-être ces hypothèses paraissent-elles quelque peu « tirées par les cheveux » ; mais pourquoi pas ? Cependant, il ne fait aucun doute que, pour eux, 1 Thess. 2/14 à 16 est une adjonction postérieure à l’ensemble de l’épître : Paul n’a rien écrit après 70 et, sûrement, était-il déjà mort. 

Pour ma part, j’en reste à une adjonction postérieure, datant de la fin du 2ème ou du 3ème siècle et d’origine grecque, qui justifierait un fort ressentiment envers les Juifs, de la part de Chrétiens – persécutés au même titre que eux - et qui essayaient de s’en différencier par une apologétique fortement influencée par la gnose, la philosophie grecque, voire par le paganisme. Je pense donc que ces trois dangereux versets n’ont rien à faire dans I Thessaloniciens et devraient  être ôté de cet écrit.

JJ. Demouveaux (2003, revu en 2015).



[1] Epître écrite au début de l’année 51.
[2] Autre traduction : « A fini par les atteindre » (NBS).
[3] F. Lovsky distingue l’antijudaïsme de l’antisémitisme. L’antijudaïsme serait de l’ordre du désaccord, ou de la contestation de certains aspects de la pensée juive afin de s’en différencier, dès l’instant qu’il demeure dans le seul domaine de la théologie. L’antisémitisme, quant à lui, vise à l’éradication (jusqu’à la suppression) physique du Juif. Cette distinction me paraît difficile à tenir sans une solide connaissance historique et une grande rigueur théologique (ce qui est le cas de F. Lovsky) qui, sans cela, pourrait se révéler ambiguë ou difficilement compréhensible.
[4] Voir aussi Romains 11/3.
[5] Livre qui formait à l’origine un ouvrage commun avec celui d’Esdras : la Bible hébraïque marque la continuité entre les deux écrits. La rédaction du livre de Néhémie pose question : vers 398-397 avant JC ?
[6] Discours d’Etienne devant le Sanhédrin, en Actes 7/52.
[7] Discours de Pierre devant le Sanhédrin, en Actes 5/30 et chez Corneille, en Actes 10/39). Pour ce qui est de la malédiction de celui qui est « pendu au bois » : « Celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu » (Deut. 21/23 ; trad. L. Segond) ; « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous – car il est écrit : ‘’Maudit est quiconque est pendu au bois’’… » (Gal. 3/13 ; trad. L. Segond).
[8] Voir les discours de Pierre le jour de Pentecôte, en Actes 2/23, sur le parvis du Temple, en 3/13 ou encore le discours de Paul à Antioche de Pisidie, en 13/28-29.
[9] En grec : mè ’apôsato ‘o theòs tòn laòn autoû ; ; le verbe ’apôthéomai, « repousser, rejeter, écarter de soi ».
[10] Toujours le verbe grec ’apôthéomai.
[11] Le grec est clair : kaì theô(i) mê ’areskontôn, kaì pâsin ’anthrôpois ’enantiôn, littéralement : « et pour (à) Dieu ils ne plaisent pas [le grec : ’areskô, « donner satisfaction, être agréable, se concilier »], et pour tous les hommes (ils sont) à l’encontre [le grec : ’enantios, « hostiles, contraires, en face de, vis-à-vis, opposés », d’où « adversaires, ennemis »].
[12] En grec : ’ei gàr ‘ê ’apobolê ’autôn katallagê kosmou, tis ‘ê proslêpsis ’ei mê zôè ’ek nekrôn ;
Paul emploie un autre terme grec, traduit par la TOB par « mise à l’écart », qui se différencie du verbe ’apôthéomai, « rejeter », qu’il a employé en Romains 11/1-2 : il s’agit du mot ’apobolê [en grec classique : « action de jeter au loin, de laisser tomber une lettre d’un mot » ou « perte »]. ’Apobolê n’est employé que deux fois dans le Second Testament : dans le livre des Actes des Apôtres (27/22), où Paul, en pleine tempête, exhorte l’équipage du bateau, sur lequel il est emmené prisonnier à Rome, de prendre courage car « il n’y aura de perte que le navire » ; et en Romains 11/15. L’emploi unique de ce mot, dans les épîtres de Paul, permet de le comprendre comme une exception ; d’autant plus qu’il peut être opposé à l’emploi, lui aussi unique chez Paul et dans le Second Testament, d’un autre mot grec : proslêpsis, « action de prendre en outre ou d’accroître » ou encore « assomption, élévation » que la TOB et Segond traduisent par « réintégration » (cf. Rom. 11/15).
[13] Epître écrite vers 57 ou 58, soit 6 à 7 ans plus tard.
[14] En grec : miméomai, mimêtês.
[15] En grec : ’ekklèsia tou theoû.
[16] La rédaction des écrits du Second Testament, tels qu’ils nous sont parvenus aujourd’hui, ont fait l’objet de nombreux remaniements jusqu’à la Réforme (peut-être la Préréforme avec LEFEVRE D’ETAPLES). Le plus ancien (fragment de) manuscrit peut être daté du début des années 200 et contient des lettres de Paul (« manuscrit p 46 »), c’est-à-dire à peu près 150 ans après la 1ère épître aux Thessaloniciens et 140 ans après celle à Philémon. Il nous est donc impossible, à l’heure actuelle, de remonter plus haut dans le temps. (Néanmoins, un fragment de l’Evangile de Jean (18/31, 33, 37-38) a été retrouvé en Egypte et daterait des années 110-130. (cf. TOB p. 2544).
[17] En grec : ’Ioudaia.
[18] En grec : diakonia, « service, ministère, contribution, diaconat ».
[19] En grec : ‘oi ’agioi, « les saints » dans le sens de « frères ».
[20] 11 fois en Romains (1/16 ; 2/9, 10, 17, 28, 29 ; 3/1, 9, 29 ; 9/24 ; 10/13), 8 fois en 1 Corinthiens (1/22, 23, 24 ; 9/20 x 3 fois ; 10/32 ; 12/13), 1 fois en 2 Corinthiens (11/24), et 4 fois en Galates (2/13, 14, 15 ; 3/28).
[21] En grec : ’Ioudaiô te prôton kaì ‘Ellêni, voir aussi de manière positive : Rom. 1/16 ; 2/10.
[22] Voir 1 Cor. 1/20 à 25 ; 9/20-21 ; 10/32 ; 12/13 ; 2 Cor. 11/26.
[23] En grec : katà ’atimian légô, littéralement : « en vue de la honte (du déshonneur, du mépris) je dis ».
[24] Il s’agit très certainement de Judéo-chrétiens qui se disent apôtres et contestent Paul dans son apostolat.
[25] En grec : ‘upo ’Ioudaiôn pentakis tesserakonta para mian ’élabon, « des Juifs j’ai pris (reçu) cinq fois quarante moins (exception faite de) un (coups) » ; on ne connaît pas les circonstances de ces bastonnades.
[26] On ne connaît qu’une flagellation, celle de Philippes, d’après Actes 16/20 à 24.
[27] A Lystres, d’après Actes 14/19-20.
[28] En grec : nuchthèmeron ’en tô(i) buthô(i) pepoiêka, « j’ai fait une nuit et un jour dans l’abîme » ; l’abîme peut être compris comme la mer déchaînée.
[29] Esaïe 52/5 grec.
[30] En grec : tà logia toû theoû, « les paroles révélées, ou oracles, de Dieu ».
[31] Psaume 51/6 grec.
[32] En grec : pantote, adverbe : « toujours, en tout temps ».
[33] En grec : eis tò ’anaplèrôsai autôn tàs ’amartias pantote, litt. « pour tout temps ils comblent eux-mêmes leur péché ».
[34] En grec : ’éphthasen dè ’ep’ ’autous ‘ê ’orgè eis télos, litt. « la colère a pris les devant – (ou encore : ‘’est arrivée’’, ‘’survenue’’, ‘’s’est hâtée’’) – pour (en vue de) la fin – (ou encore : ‘’pour achèvement, réalisation, résultat, conséquence’’ ou ‘’pour dénouement’’, ‘’pour paiement, acquittement’’ ) ».
[35] Voir note 202.
[36] Par exemple, la cérémonie rituelle du soufflet qui était donné aux dignitaires juifs lors du Vendredi saint.
[37] En grec : ’ephthasen, aoriste du verbe phthanô : « devancer, arriver, survenir, se hâter, prendre les devants ». La préposition ’eis peut se traduire par « vers, jusqu’à, dans, sur, en vue, pour ». Le mot télos peut se traduire par « fin, achèvement, réalisation, résultat, conséquence, dénouement, paiement, acquittement ».
[38] En effet, le mot grec ’orgê (« colère ») est employé 21 fois dans le corpus paulinien, dont 15 fois dans les épîtres reconnues comme « authentiques » (soulignées dans la parenthèse) de Paul (Rom., 12 ; Eph., 3 ; Col., 2 ; 1Thes., 3 ; 1Tim., 1) pour 36 dans le Second Testament (Ev. : Mat., 1 ; Mc, 1 ; Lc, 2 ; Jn, 1 ; autres écrits : Hb, 2 ; Jacq. 2 ; Apoc, 6). Quant au mot grec télos (« fin, but… »), il est employé 14 fois dans le corpus paulinien (12 fois pour les « authentiques » : Rom., 5 ; 1Co, 3 ; 2Co, 3 ; Philip., 1 : 1Thess., 1 ; 1Tite, 1), pour 42 fois dans le Second Testament ( Evangiles : Mat., 6 ; Mc, 3 ; Lc, 4 ; Jn, 1 ; autres écrits : Hb, 5 ; Jacq., 1 ; 1Pi, 4 ; Apoc., 4). Mais alors quelle colère les Juifs ont-ils subie à la fin ?
[39] C’est-à-dire du jugement de Dieu qui vient.
[40] Voir Es. 29/16 ; 45/9.
[41] Voir Rom. 9/1 à 5 ; 10/1 à 4 ; 11/1-2, 11-12, 25 à 32.
[42] Jérusalem fut alors interdite aux Juifs et devint une cité païenne rebaptisée du nom latin d’Aelia Capitolina. Le territoire d’Israël fut appelé Palestine, latinisation de Pays des Philistins.

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